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TRADUCTION

Que celui qui veut mener une vie pure et très-sainte
Aime les femmes, et les croie, et se fie à elles absolument :
Car grâce à elles son âme sera sauvée (deviendra sainte).
Il peut en être aussi certain qu’il est vrai que ce qui est n’est pas.
 
Leur conseil est si doux, et si sincère, et si pieux !
Pour qui l’a (litt. l’eut), s’il y réfléchit bien, il est plus doux que le miel ;
Elles sont mères pour la pitié (elles sont aussi compatissantes qu’une mère); elles tirent les gens de péril.
Que notre Seigneur Dieu leur vienne en aide, comme il est vrai que je dis la vérité.

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  1. I. 1. — Quiconques. L’s finale indique ici, comme partout dans ce ms., et dans les mss. B et D, le sujet singulier ou l’accusatif pluriel. La règle de l’s est quelquefois violée dans le ms. C. — Saintisme. Superlatif synthétique, tiré directement du latin sanctissima. Déjà au commencement de l’empire, le superlatif se contractait en latin en ismus, comme on peut le voir par les graffiti de Pompéï.

    I. 2. — Aimt, au subjonctif, 3e pers, du sing. Le t de la 3e pers. du sing. en latin a persisté d’abord en français à toutes les conjugaisons. C’est à tort qu’on a cru longtemps que le t était euphonique dans les expressions interrogatives, comme aime-t-il, que l’on écrivit longtemps aimet-il, et plus tard, au xive siècle, aime-il, par oubli de l’étymologie. C’est une forme ancienne très-régulière. La forme il aime, qu’il aime, sans t, est un barbarisme étymologique. On devrait dire il aimet, qu’il aimet ou qu’il aimt, comme on dit il finit, il reçoit. S’i i afie. I, et plus tard y (Cf. ms. C.) ne se dit plus guère que des choses.

    I. 3. S’ame pour sa ame. Ce n’est qu’au xive siècle que s’est introduit ce solécisme, qui consiste à mettre le possessif masculin devant un nom féminin commençant par une voyelle : son âme. Auparavant on disait m’ ame, t’ame, s’épée. C’est ainsi que s’est formé le mot tante = t’ante pour ta ante de amita, et ma mie = m’amie.

    I. 4. Cho, forme picarde du français ço. Nous verrons d’autres exemple du c doux français changé en ch en picard. Villehardouin a chou = ce ; et Philippe de Beaumanoir, chu. Chou s’emploie quelquefois au masculin, au sens de celui.

    Mie, du lat. mica, petite parcelle, miette ; très-usité dans le vieux français dans le même sens et avec la même construction qu’aujourd’hui pas et point. Cf. goutte, dans n’y voir goutte. Le vieux langage avait une grande variété de substantifs ainsi construits, et servant à accentuer la négation.

    II c. — B : gens getent de periex. C : gens giettent de pieux, par confusion du copiste avec le premier vers. La vraie leçon est periex, que donne