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L’épithète de dame qu’il accole à son nom montre de plus qu’elle était de noble famille. D’autre part, l’auteur inconnu du Couronnement du Renart dit au vers 3360 :

Et pour çou dou comte Guillaume,
Qui ceste honor eust encharcie,
Pris mon prologue com Marie,
Qui pour lui traita d’Izopet.

Ces deux exemples suffisent pour montrer que lorsqu’on parlait de Marie, tout le monde entendait qu’il s’agissait de Marie de France, l’auteur des Lais et des Fables, et qu’au treizième siècle, aucune autre femme du nom de Marie ne s’était distinguée dans les lettres. D’ailleurs, les deux premiers couplets de l’Evangile aux Femmes établissent que l’auteur des Fables et des Lais est bien Marie de Compiègne, et par conséquent que Marie de France était née à Compiègne. Mais nous reviendrons en détail sur cet argument décisif, quand nous traiterons, à la fin de ce travail, la question de l’origine du fableau l’Evangile aux Femmes. Provisoirement, nous considérerons la question comme suffisamment éclaircie, et nous appellerons désormais notre poète Marie de Compiègne, et non Marie de France.

Nous avons dit que Marie passa en Angleterre la plus grande partie de sa vie. Cependant, il semble établi qu’elle a fait un séjour à la cour de Flandre : car elle dédie ses fables à un comte Guillaume, qui n’est autre, comme l’a fort bien démontré M. Ed. Mall, que Guillaume de Dampierre, fils de Guillaume de Dampierre et de Marguerite II, comtesse de Flandre. Ce ne peut être en effet ni Guillaume, le mari de cette Marguerite, puisqu’il mourut dans un tournoi en 1241 trois ans avant que Marguerite n’obtint le comté de Flandre ni Guillaume-Longue-Épée, fils naturel du roi d’Angleterre Henri II, créé par Richard-Cœur-de-Lion comte de Salisbury. Marie n’a guère pu connaître le comte de Flandre que sur le