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les forçats du mariage

devinait enfin, dès le premier abord, une âme fière, une intelligence peu commune et un cœur excellent.

Robert s’avança auprès des deux jeunes femmes.

— Ma chère Cora, dit Marcelle, je te présente le comte de Luz, mon mari tout à l’heure. Monsieur Robert, je vous présente ma meilleure amie, madame Dercourt.

— Ah ! vous arrivez à propos, s’écria Cora avec son bon sourire ; car nous complotons contre vous. Je donne à Marcelle les plus mauvais conseils.

— Les meilleurs, voulez-vous dire ? repartit Robert.

— Oh ! non, affreux ! reprit Marcelle. Mais soyez tranquille, je ne les suivrai pas.

— Cette chère Marcelle, continua Cora, est imbue, à l’égard du mariage, des préjugés les plus funestes, les plus dissolvants. Pourquoi voit-on tant de ménages malheureux ? C’est, selon moi, parce que nos idées sociales et religieuses ont faussé les lois naturelles en enchaînant les époux dans des liens indissolubles, en imposant à la femme l’obéissance passive, une chose avilissante, révoltante : obéir !

— Je pense comme vous, madame, dit Robert avec galanterie. Une femme dont nous sollicitons l’amour, doit nous imposer ses volontés et non pas subir les nôtres. En amour, comme vous le dites, la loi naturelle ordonne au fort de se soumettre au faible.