rement. Qu’a-t-elle fait de son marchand de coton ?
— Elle l’a ruiné, puis congédié.
— J’ai même entendu dire que le fameux comte de Luz n’était pas étranger à cette ruine.
— Comment cela ?
— On prétend que le dit Rabourdet entretenait Mme Moriceau, et que Mme Moriceau…
— Pauvre Robert ! C’est une de mes déceptions les plus douloureuses ; car je l’ai aimé à l’égal d’un enfant d’adoption. Quelle belle et puissante nature ! Il a traversé le monde parisien comme un resplendissant météore. Que lui a-t-il manqué pour faire un grand homme, et peut-être un homme de génie ? Une jeunesse difficile qui développât en lui la volonté et le sentiment du devoir, ces deux contre poids sans lesquels les plus belles organisations restent incomplètes et stériles.
— Et qu’est devenue Mme de Luz ?
— Le piquant de cette douloureuse histoire, c’est que les deux époux trompés se consolent, dit-on, et se vengent ensemble par une lune de miel qui dure depuis six ans. Deux êtres bons et constants, d’ailleurs, bien dignes de s’aimer et d’être heureux.
— Et moi qui croyais cette jolie Mme de Luz une héroïne de vertu ! Ce chassé-croisé jette un froid sur mon admiration. Puisqu’elle accepte un consolateur, elle est à peu près pour moi sur le même rang que la Moriceau.