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les forçats du mariage

êtes ce que j’ai de plus cher au monde ; et si vous m’abandonniez, je ne pourrais plus vivre. Loin de vous, si vous saviez commeje suis malade, inquiète ! Chaque fois que vous me quittez, il me semble que mon cœur se déchire. Quel bien-être on éprouve à sentir à côté de soi une amitié si tendre, toujours en éveil, ingénieuse à vous épargner la moindre contrariété, la plus légère souffrance !

Étienne s’était laissé glisser aux genoux de Marcelle.

— Merci, merci, murmurait-il en baisant pieusement ses mains.

L’orage continuait au dehors, mais avec moins de violence. Le tonnerre grondait au loin. On entendait le sourd mugissement des flots. La pluie fouettait les vitres.

Ils restèrent quelque temps silencieux, ivres de bonheur, et bercés par le bruit de la tempête.

Tout à coup Marcelle, cédant à un mouvement irrésistible de reconnaissance et de tendresse, prit entre ses petites mains le front d’Étienne, et le baisa.

Étienne laissa échapper un cri sourd, un cri de passion. Il repoussa violemment Marcelle, se leva, voulut s’éloigner ; mais il chancela, et tomba comme foudroyé.

En le voyant étendu, inerte, Marcelle fut prise d une terreur folle. Elle se jeta sur lui, l’appela avec