Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
385
les forçats du mariage

— Tu as bien fait, mon enfant.

— Nous ne sommes pas des bâtards, n’est-ce pas, maman ?

— Non, mon enfant.

— Et papa vit toujours ?

— Oui, certainement.

— Il ne nous aime donc pas, qu’il ne vient jamais nous voir ?

— Et maman, dit aussi Juana, vit-elle toujours ?

— Oui, répondit Étienne.

— Je vois bien que tu ne l’aimes pas. Pourquoi ? Est-ce qu’elle t’a fait du mal ?

— Tu sais, Juana, que je t’ai défendu ces questions.

— Et bien ! moi non plus, je ne l’aime pas. Je me rappelle une belle dame avec de grands yeux qui me faisaient peur, tandis que toi, quoique tu ne sois pas si beau, et qu’on t’appelle le monsieur noir, tu ne m’as jamais fait peur. D’ailleurs, moi, je te trouve beau, petit père, ajouta-t-elle en sautant sur les genoux d’Étienne, parce qu’il n’y a personne d’aussi bon que toi ; c’est maman Marcelle qui le disait hier.

Étienne et Marcelle se regardèrent, et, dans ce regard, leurs cœurs s’étreignirent.

Marcelle appela Lucette, qui vint chercher les enfants.

Lucette maintenant était méconnaissable. Le