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les forçats du mariage

rente. Je dois vous prévenir qu’elle n’en aura en réalité que quinze mille. Veuillez donc me dire ce qu’elle vous doit. Ne dissimulez pas un centime ; je tiens à vous payer intégralement. Jusqu’à ce jour, je suis responsable des dettes de ma femme. Demain, je ne le serai plus. Je lui remettrai sa fortune, et lui rendrai sa liberté, en la prévenant qu’elle est dégagée envers vous de toute reconnaissance. Voilà ce que je dois faire, et je le ferai.

M. Rabourdet s’attendait à une provocation. Quand il vit qu’il ne s’agissait, en effet, que d’un règlement de compte, il respira.

Toutefois, il essaya de nier encore que Juliette lui dût quoi que ce fût.

— Puisque vous ne voulez rien accepter, c’est donc que vous êtes payé déjà, dit Étienne terrible.

Mais, en cet instant, le doux souvenir de Marcelle lui apparut, et se plaça entre lui et M. Rabourdet. Sa colère tomba.

— Payez-moi donc, monsieur, dit Démosthènes ; car je vous jure sur l’honneur que je ne suis pas l’amant de Mme Moriceau.

Et il lui mit sous les yeux une lettre de Juliette prouvant, en effet, qu’ils n’en étaient encore qu’au platonisme.

— Ah ! tant mieux, dit Étienne.

En laissant échapper cette exclamation, il pensait moins à Juliette qu’à Marcelle, qu’il n’eût pu revoir