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les forçats du mariage

— C’est plutôt le malheur, madame, qui m’a fait garder le silence. Je vous sais si bonne, que je n’eusse point voulu vous attrister du récit de mes chagrins.

— Ah ! oui, je sais, elle vous a quitté, elle est revenue seule.

— Depuis six mois.

— Et vous, depuis combien de temps êtes-vous de retour ?

— Depuis trois semaines. Depuis trois semaines je l’épie, je me contiens, j’ai voulu savoir, je sais, dit-il. C’est horrible. Cette femme est la dernière des créatures. Je ne la reverrai pas. Elle ment avec tant d’art, s’accuse en termes si touchants, que peut-être me laisserais-je encore abuser par ses impostures et son faux repentir.

— Alors dit Marcelle anxieuse, que voulez-vous faire ?

— Rassurez-vous, madame, je ne l’aime plus assez pour la tuer, elle et ses amants.

— Ses amants ! exclama Marcelle.

— Ah ! c’est vrai, vous ne pouvez savoir… Elle a trois amants.

— Vous vous trompez, peut-être.

— Je suis sûr. Je payerai ses dettes, car je ne veux pas qu’on puisse attribuer les désordres de ma femme à un manque d’argent. Je reviens de Nantes, où je me suis procuré 200,000 francs, sa dot. Je la lui rendrai ; j’y ajouterai 100,000 francs, à une