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les forçats du mariage

là une vérité trop claire pour que les hommes la reconnaissent. Qu’as-tu donc ? tu parais toute fiévreuse.

Marcelle raconta sa visite à son mari.

— Jamais, ajouta-t-elle, il ne parut m’aimer autant.

— Il t’aime, certainement. La perspective de te perdre lui fait apprécier enfin la valeur du trésor qu’il possédait.

— Un moment j’ai cru qu’il avait besoin d’argent, et que cette recrudescence de tendresse n’était qu’un calcul.

— Tu ne connais pas encore ton mari, ma chère Marcelle ; il est trop impétueux, trop fantaisiste pour être jamais un calculateur. Il t’aimait tout à l’heure, tout simplement parce qu’il n’y était plus obligé. Ce serait peut-être le moment de le ramener ; et si maintenant tu voulais suivre mes conseils…

— Non, Cora, non, il est trop tard. Mon amour est éteint. Peut-être renaîtrait-il ; mais, à présent, j’ai quelque tranquillité, et, après mes douleurs passées, ce calme est presque du bonheur. D’ailleurs, avec sa nature capricieuse, il n’aimerait pas long temps ; quinze jours peut-être, et je recommencerais à souffrir. Non, oh ! non jamais ! Je lui continuerai mon amitié, je l’aiderai autant qu’il sera en mon pouvoir ; j’apprendrai à mon fils à le chérir, à le respecter même ; mais c’est tout ce qu’aujourd’hui le devoir m’impose, et c’est tout ce que je puis faire.