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les forçats du mariage

— Et aussi je viens, dit-elle hésitante, vous demander si vous me laisserez mon fils.

— Comment, vous auriez pu supposer un moment que, me prévalant du bénéfice de la loi, j’irais vous enlever votre enfant ? Pour quel homme me prenez-vous donc ? Je le sais, je vous ai donné droit aux soupçons les plus injurieux. Mais, au moins, faites-moi la grâce de penser que je ne suis pas un méchant homme. Je suis faible seulement, incapable de résister à mes passions. Ces passions impérieuses m’ont rendu parfois égoïste, dur envers vous. Mais, avez-vous pu croire que froidement, de propos délibéré, je vous causerais la plus grande des douleurs en vous prenant ce que vous avez de plus cher au monde, votre enfant ?

— Je craignais, j’avais peur. Je me disais : Si pourtant il l’aime autant que je l’aime, moi, peut-être un jour, triste, malheureux, voudra-t-il avoir aussi son fils pour le consoler. Car, enfin, puisque la loi vous en accorde le droit…

— Encore une fois, non ! Est-ce que le droit du père peut balancer un instant celui de la mère ? Si la loi le fait prévaloir, c’est que les hommes seuls ont fait le code. Mais croyez, Marcelle, que malgré mes fautes, il y a encore dans mon cœur quelque justice. Or, que suis-je à cet enfant ? Qu’ai-je fait pour lui ? Que m’a coûté sa création ? Vous, au contraire, vous avez souffert par lui, avant même sa naissance ; et, depuis qu’il est au monde, ne l’avez-