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les forçats du mariage


XXXI


Juliette était allée d’abord rue Jean-Bart, où elle avait donné hâtivement quelques ordres. Puis elle avait passé au couvent dix minutes. À trois heures, elle fit arrêter sa voiture devant le portail de l’église Saint-Sulpice. Elle entra dans l’église, la traversa rapidement, sortit par la porte du fond, et monta la rue Servandoni jusqu’au n° 7. C’était une maison fort simple, d’apparence austère.

Elle gravit deux étages ; et avec une clef longue au plus comme le petit doigt, une clef de nécessaire, elle ouvrit une porte. Elle se trouva dans une sombre et douillette antichambre : épais rideaux, lourdes portières, tapis moelleux amortissaient la lumière, assourdissaient le bruit des pas et de la voix. Puis elle pénétra dans un petit boudoir rose de Chine, où tout était coquet, tendre, voluptueux, les tentures, les meubles, les tableaux, les glaces de Venise, et jusqu’aux reflets, dont les teintes chaudes semblaient ménagées avec art pour embellir le visage et troubler les sens.

Robert l’attendait, indolemment couché sur un sopha turc.

Le drame terrible qui se passait dans sa vie ne paraissait aucunement l’émouvoir. Au lieu d’éprouver cette anxiété, propre aux amoureux de la pre-