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les forçats du mariage

qu’il devait vous faire visite cette après-midi. J’espérais le trouver ici.

Elle parlait fiévreusement, sans suite. Il était aisé de voir qu’elle ne disait pas l’exacte vérité, qu’elle cherchait seulement à dissimuler à Étienne la véritable cause de son émotion.

Elle se laissa tomber presque mourante sur un fauteuil.

— Ah ! je suis vraiment ridicule, dit-elle, d’être aussi peu maîtresse de moi. Puis le temps est si lourd ! Un verre d’eau, je vous prie : je sens que cela me remettra.

Elle but, et en effet parut plus calme.

— Vous comptiez trouver ici M. de Luz ? demanda Étienne qui poursuivait son idée jalouse.

— Il avait hâte, comme moi, de vous exprimer ses regrets très-vifs de votre départ, tout en conservant aussi l’espoir qu’une telle résolution n’était pas irrévocable.

— Elle est irrévocable, madame.

— Et Mme Moriceau vous accompagne ?

En faisant cette question, Marcelle eut dans le regard un éclair d’espoir.

— Je n’en sais rien encore, répondit brièvement Étienne.

— Comment pourrez-vous vivre loin de la France, loin de Paris ? Pour prendre un semblable parti, il faut des motifs bien graves.

— Mes motifs sont très-graves, en effet.