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les forçats du mariage

— J’eusse préféré faire la démarche moi-même ; car je tiens beaucoup — il appuya sur le mot beaucoup — à conserver pour moi seul ces soucis d’argent que vous avez bien voulu me laisser jusqu’à ce jour. Qu’êtes-vous donc venue demander à monsieur ?

— De vouloir bien attendre encore le remboursement de notre dette.

— Vous eussiez dû me consulter auparavant. Moi, je viens lui demander de vouloir bien reprendre l’hôtel pour le prix qu’il nous coûte. M. Rabourdet profiterait ainsi de la plus-value qu’a acquise l’immeuble depuis deux ans. Je ne puis comprendre que, devant quitter Paris dans huit jours, et pour longtemps peut-être, vous ayez songé à garder cette propriété onéreuse.

— C’est que, repartit Juliette un peu hésitante, en songeant à ce départ, je crois rêver. D’ici à huit jours vous y renoncerez vous-même, j’aime à le croire.

— Je n’y renoncerai pas, dit fermement Étienne.

Juliette le regarda d’un air haineux.

— Soit, mon ami, répondit-elle, je suis prête à vous suivre.

— Vous partiriez aussi, madame ? demanda M. Rabourdet, qui se crut joué par une coquette.

— Puisque mon seigneur et maître l’exige, fit-elle avec un soupir.

— Veuillez vous souvenir que je n’ai rien exigé,