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les forçats du mariage

En disant ces mots, il était pâle, ému. Marcelle craignit de l’avoir blessé.

— Puisque c’est impossible, n’en parlons plus, dit-elle aussitôt,

— Eh bien ! alors, viens signer l’acte, et fais-moi le plaisir de n’en point prévenir ton père. Si je n’ai pas cru devoir te consulter avant de traiter, c’est que, jusqu’à présent, tu t’étais montrée fort peu soucieuse des affaires d’intérêt. Je craignais de t’ennuyer. Mais il est certain que ces choses doivent t’intéresser autant que moi, plus même, puisque cette fortune t’appartient,

— Oh ! Robert, ne parle pas de cela, je t’en prie !

— Si c’est une douce leçon que tu as voulu me donner, reprit-il, j’en profiterai ; mais pour cette fois, me pardonnes-tu ?

Marcelle lui jeta ses bras autour du cou.

— Te pardonner ! pour une pareille bagatelle ! Une misérable question d’argent pourra-t-elle jamais soulever un nuage entre nous ? Je signerai tout ce que tu voudras.

Robert remercia sa femme avec une effusion très- sincère ; car elle le tirait d’un fort grave embarras.

Or, comment comptait-il employer cette somme ? Le lendemain, il devait payer, sous peine d’être saisi, une ancienne dette de 200,000 francs, et sous peine de manquer à l’honneur, une dette de jeu de 40,000. Enfin il avait offert à Nana, comme souvenir d’ancienne affection, une parure de 60,000