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les forçats du mariage

— Alors, s’il ment, c’est par bonté, parce qu’il la voit inquiète.

— S’il était bon, la tourmenterait-il ainsi ? inviterait-il ici même une femme pareille ?

— Allons donc ! vous me faites pitié, madame Rabourdet ; une femme qui tient aux de Brignon par sa mère ! Voyez comme vos accusations sont injustes ; c’est moi qui ai prié M. de Luz d’inviter les Moriceau. Ne savez-vous pas que nous sommes en affaires ?

— Pauvres affaires, si les bruits sont vrais. On dit les Moriceau ruinés ; on ajoute même que c’est notre gendre qui paye les toilettes extravagantes de madame.

— Lui ! il n’a jamais le sou.

— Que fait-il alors de la dot de Marcelle ? Je vous dis, moi, qu’il jette l’argent par les fenêtres.

— Voudriez-vous que le comte de Luz, mon gendre, bardât comme un cuistre ?

— Non ; mais il ruine notre fille. Marcelle m’a avoué hier qu’elle avait déjà plusieurs fois donné sa signature.

— Elle a donné sa signature ? s’écria M. Rabourdet, qui suspendit sa marche magistrale à travers le salon.

— Que n’avez-vous insisté pour la marier sous le régime dotal ? C’est votre faiblesse qui…

— Ma faiblesse ! interrompit M. Rabourdet avec une explosion de colère,