Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
213
les forçats du mariage

je n’avais acheté que pour satisfaire un de tes caprices.

— Vous m’aimiez alors, tandis qu’aujourd’hui…

— Je ne t’aime plus, n’est-ce pas ? dit-il avec un sourire triste.

Il contint les larmes qui lui vinrent aux yeux.

— Non, vous ne m’aimez plus, répliqua-t-elle, car maintenant, vous ne voulez satisfaire mes caprices que s’ils sont raisonnables. C’est à la raison que vous obéissez et non plus à moi.

— Alors que souhaites-tu donc ?

— Eh bien ! que vous poursuiviez plus activement la liquidation des créances de votre père. Peut-être faudrait-il aller vous-même à Rio-Janeiro. L’affaire en vaut la peine.

Un espoir traversa l’esprit d’Étienne.

— Viendrais-tu avec moi ? dit-il.

Il voulait savoir si sa femme l’aimait assez pour le suivre, ou si elle le trompait et désirait son éloignement.

— J’ai trop peur de la mer, répondit-elle ; sans doute cette séparation serait bien pénible ; mais que durerait-elle ? cinq ou six mois tout au plus.

Il regardait soucieux flamber le feu qui pétillait.

Cependant Juliette attendait avec anxiété la réponse de son mari.

— Libre pendant six mois, se disait-elle, libre enfin !