Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
193
les forçats du mariage

Il riait d’un franc rire.

— Tu me crois marié ? reprit Pierre.

— Parbleu !

— Eh bien ! pas du tout.

— Cet enfant, c’est…

— Le mien, je le reconnais ; mais je ne me marierai jamais devant M. le maire. C’est déjà bien assez, Dieu merci ! de vivre en famille. Ah ! la famille !

On vit l’enfant entr’ouvrir la porte.

— Papa veut-il permettre que je l’embrasse ? dit-il avec une jolie petite mine futée.

— Du tout, monsieur, du tout, je suis fort en colère.

— Eh bien ! tout à l’heure c’est toi qui voudras m’embrasser ; et pour te punir, c’est moi qui ne voudrai plus.

— Hérode ! Hérode ! où es-tu ? exclama Pierre de l’accent le plus piteux.

Mais le petiot qui ne connaissait pas encore le massacre des Innocents :

— Qu’est-ce que ça, Hérode ? demanda-t-il en s’avançant davantage.

— C’est Croquemitaine, sauve-toi.

— Quand papa est là, je n’ai pas peur de Croquemitaine, parce qu’il me défendrait.

— Voyez-vous ça ? À la porte, tout de suite.

— Alors embrasse-moi.

— Va donc, dit Robert, je tourne la tête.