Il riait d’un franc rire.
— Tu me crois marié ? reprit Pierre.
— Parbleu !
— Eh bien ! pas du tout.
— Cet enfant, c’est…
— Le mien, je le reconnais ; mais je ne me marierai jamais devant M. le maire. C’est déjà bien assez, Dieu merci ! de vivre en famille. Ah ! la famille !
On vit l’enfant entr’ouvrir la porte.
— Papa veut-il permettre que je l’embrasse ? dit-il avec une jolie petite mine futée.
— Du tout, monsieur, du tout, je suis fort en colère.
— Eh bien ! tout à l’heure c’est toi qui voudras m’embrasser ; et pour te punir, c’est moi qui ne voudrai plus.
— Hérode ! Hérode ! où es-tu ? exclama Pierre de l’accent le plus piteux.
Mais le petiot qui ne connaissait pas encore le massacre des Innocents :
— Qu’est-ce que ça, Hérode ? demanda-t-il en s’avançant davantage.
— C’est Croquemitaine, sauve-toi.
— Quand papa est là, je n’ai pas peur de Croquemitaine, parce qu’il me défendrait.
— Voyez-vous ça ? À la porte, tout de suite.
— Alors embrasse-moi.
— Va donc, dit Robert, je tourne la tête.