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les forçats du mariage

elle éprouvait les mêmes angoisses qu’autrefois. Cependant elle conservait un vif ressentiment du passé. À la moindre contrariété, sa colère renaissait violente ; haineuse. Elle souhaitait de le voir souffrir, de le voir malheureux.

Parfois, elle se repentait d’être revenue à Paris, d’avoir acheté cet hôtel. Parfois même elle disait à Étienne :

— Je regrette mon caprice. Si tu veux, nous revendrons tout, et nous retournerons à Nantes.

C’était Étienne qui insistait pour rester,

La vérité est que cet amour effrayait Juliette : où la conduirait-il ? Si elle cédait à son entraînement, Robert ne l’abandonnerait-il pas une seconde fois ? Et puis, elle était jalouse de Marcelle.

Les deux jeunes femmes se voyaient fort peu. Elles éprouvaient l’une pour l’autre une répulsion, une méfiance instinctives.

Marcelle aussi souffrait cruellement de l’abandon où Robert la laissait. Il ne s’ennuyait plus. Il ne pouvait rester plus d’un quart d’heure auprès d’elle sans laisser voir son impatience de sortir. Elle devinait qu’il allait chez Juliette, Serait-ce une fantaisie passagère ou un attachement durable ? lui reviendrait-il jamais ? L’avenir, hélas ! lui paraissait bien noir.

Ne pouvant plus sortir, chaque jour plus souffrante, plus fatiguée, elle eût eu besoin des soins