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les forçats du mariage

Mais il l’aimait tant ! Pourrait-il jamais se montrer irrité contre elle ?


XVIII


Le lendemain, pour aller aux Italiens, Juliette avait apporté à sa toilette une recherche inaccoutumée. Elle se faisait, disait-elle, une grande fête de ce spectacle qu’elle voyait pour la première fois. Mais en réalité, elle voulait éclipser Marcelle aux yeux de Robert.

Elle portait une robe de satin bouton d’or recouverte d’un léger réseau de dentelle noire. Le corsage, haut comme la main, faisait valoir la grâce voluptueuse de la taille et découvrait le galbe élégant des épaules. Les manches fort courtes, retenues par une agrafe de topaze, laissaient ses beaux bras entièrement nus. Pour tout bracelet, le poignet très-fin ne portait qu’un cercle d’or mat.

Un mince bandeau d’or relevait ses cheveux qui retombaient par derrière en boucles massives. Cette coiffure, nouvelle alors, mettait en relief son profil énergique et pur, et faisait ressortir la blancheur de la carnation, en opposition avec l’ébène des cheveux et des sourcils.

Ce mélange de lumière et d’ombre rendait plus irritante encore la volupté contenue qui était le caractère même de sa beauté.