Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
les forçats du mariage

— Je ne désire pas d’enfants.

— Je ne pense pas non plus à t’imposer la maternité. Je veux que tu la souhaites. Mais tu souhaiteras d’être mère, mon adorée ; car une femme n’est vraiment belle, n’est complète qu’avec un beau bébé dans les bras.

— Cela, c’est l’avenir encore lointain, répondit Juliette, obstinée dans son désir ; et bien fous sont ceux-là qui sacrifient le présent certain à l’avenir douteux.

— Eh bien ! faut-il acheter cet hôtel ? Ordonne, je ne suis, je ne veux être que ton humble intendant.

— Merci, Étienne ; que tu es bon !

— En faisant tes volontés, ma chère femme, je ne suis qu’un affreux égoïste. Je suis si heureux de te procurer le moindre plaisir, que c’est encore à moi de te remercier.

Par une de ces réactions assez ordinaires aux natures passionnées, Juliette se jeta au cou de son mari, l’étreignit avec force.

— Je t’aime, Étienne ! je t’aime ! répétait-elle toute fiévreuse.

La vivacité de cette démonstration rendait Étienne confus, presque embarrassé.

— Je te défends, ma Juliette, dit-il avec un ton de doux reproche, de me remercier de la sorte pour une chose si simple ; 400,000 fr. valent-ils un de tes baisers ou même un de tes sourires ?