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les forçats du mariage

inaccoutumée, un peu nerveuse. Marcelle ne conserva plus aucun soupçon.

Lorsqu’elle vit Juliette, avec son beau visage ému, passionné, si touchante et si pâle dans ses vêtements blancs, en pensant qu’il y avait un mois à peine elle avait ressenti la même émotion profonde, mêlée de crainte et de joie, elle eut peine à contenir ses larmes ; elle chercha les yeux de Robert, avec l’espoir d’y rencontrer la même pensée, le même souvenir.

Mais il regardait Juliette, et il était aussi fort pâle.

Un nouveau doute mordit Marcelle au cœur.

Après la cérémonie, les invités passèrent à la sacristie pour saluer les jeunes époux.

Mme de Luz s’avança vers Juliette.

M. de Luz, dit-elle, m’a beaucoup parlé de vous, madame. Je désire vous aimer comme ma sœur. Le voulez-vous ?

Juliette tressaillit, balbutia un remercîment.

Elle observait Marcelle. Elle avait pensé que Robert avait dû faire un mariage de pure convenance et que sa femme était laide ou tout au moins insignifiante. Mais en la trouvant si belle, douée d’un charme si pénétrant, elle ressentit pour cette rivale une répulsion qu’elle ne put dominer. Toutefois ce sentiment haineux se trahit à peine par un léger gonflement de la narine, et par un mouvement presque imperceptible de la paupière.