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préface

où l’un des deux associés n’a pouvoir ni sur ses biens, ni sur sa personne ? Est-ce le mariage, cette union appelée moralisatrice où l’adultère d’un des deux conjoints n’est pas puni par la loi ? Est-ce le mariage, cette société pour l’éducation des enfants, où la mère n’a aucune autorité légale sur ceux qu’elle a créés ? Est-ce le mariage, cette société de capitaux où la fiancée n’entre et ne compte que comme un chiffre ?

Est-ce le mariage, cette union de vanité où l’on vend une enfant de seize ans pour un titre ou une alliance ? Il y a là contrat des corps et des fortunes, mais non pas fusion des âmes et des pensées. Non, ce n’est pas le mariage ; et l’institution du divorce, du divorce sévèrement restreint, est la conséquence forcée de l’organisation incomplète du mariage. »

L’objection principale, la seule spécieuse qu’on oppose au divorce, c’est l’avenir et la fortune des enfants.

Mais est-il juste qu’une génération soit sacrifiée à l’autre ? Les parents ne sont donc pas des êtres humains comme les enfants, ayant droit comme eux au bonheur, à la sollicitude de la loi ? A-t-on le droit de condamner un père et une mère à une vie de douleur ou à un veuvage forcé, afin de conserver à leur enfant quelque argent de plus ? Car il ne s’agit que de la fortune.

Que deux époux vivent dans la désunion, ou qu’ils