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les forçats du mariage

— Quatre heures ! Non, Robert, vous n’irez pas. Restez, je vous en conjure.

— Il le faut, mon amie.

— Tu me demandais tout à l’heure quelle preuve tu pouvais me donner de ton amour. Je veux celle-là. Ne me quitte pas aujourd’hui, je t’en supplie. Je serais si inquiète à cause de ce maudit rêve qui m’a tant effrayée.

— C’est un devoir qui m’appelle.

— Un devoir ! Déjà tu mets le devoir au-dessus de l’affection ! Ah ! Cora avait peut-être raison : Le mariage serait-il le tombeau de l’amour ? ajouta-t-elle avec douleur.

— Non, cela n’est pas.

— Cependant, tu pensais comme Cora l’autre jour.

— Oui, je le pensais autrefois ; mais, depuis que tu es ma femme, je ne conçois plus, au contraire, qu’on puisse aimer en dehors du mariage ; à présent je pense comme toi que l’amour vrai a besoin de sécurité ; car il se croit, lui, éternel.

— Eh bien ! alors, dis-moi ce qui te force d’aller à Paris.

— Vilaine curieuse ! répondit Robert d’un air contraint. C’est mon ami, Étienne Moriceau, un ancien officier de marine que j’ai connu lors de mon voyage en Grèce. Il désire me voir pour me demander un service. Il demeure rue de la Paix. Puis, de là, je passerai chez moi, rue Montaigne, pour pren-