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les forçats du mariage

C’était une scène horrible : un homme hors de lui traînait une femme par les cheveux. Cette femme, c’était Lucette, Lucette à moitié nue, les mains et le visage couverts de sang.

Robert saisit à la gorge le meurtrier, et le força à lâcher sa victime.

Lucette se releva : les sanglots l’étouffaient.

— Ah ! je te retrouverai, misérable, hurlait le fou. De quoi vous mêlez-vous ? dit-il à M. de Luz. Ne suis-je plus le maître chez-moi ?

— Non, vous n’êtes pas le maître d’assassiner votre femme, repartit impérieusement Robert.

— Mais c’est une infâme créature, plus méprisable que la boue des rues, s’écria cet homme sauvage, toujours au paroxysme de la fureur. Savez-vous ce qu’elle me fait souffrir ? Si je ne la tue pas, je me tuerai, moi.

— Vous ne vous tuerez pas non plus, mon ami. Votre femme va me suivre, et demain, vous vous expliquerez.

— Non, elle ne sortira pas.

— Je ne veux pas sortir, supplia Lucette toute tremblante.

Mais Robert insista et emmena la jeune femme.

Pressée de questions par Marcelle, elle finit par avouer la cause de cette scène de fureur, et son malheur qu’elle avait pu cacher jusqu’alors. Son mari était d’une jalousie terrible. Elle parvenait à le contenir tant qu’il était en sang-froid ; mais dès