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les forçats du mariage

ses théories excentriques ? Elle est aussi bonne qu’aimable. Tenez, j’aperçois M. Dercourt. Il est vieux pour elle ; car il a bien cinquante ans. Il est laid ; cependant, c’est un mariage d’inclination. Quelle bizarre femme !

Robert vit un homme au visage accentué, aux cheveux grisonnants, qui se tenait debout à côté d’une table d’écarté.

— Vous croyez qu’il s’occupe du jeu ? reprit Marcelle. Vous vous trompez : il ne pense qu’à sa femme, il ne voit qu’elle ; il l’adore comme le premier jour.

— Et elle l’aime aussi ?

— Oui, c’est elle qui lui a offert sa main qu’il n’eût jamais osé demander.

— Et depuis combien de temps dure ce bonheur conjugal ?

— Depuis quatre ans. Ce ne sont pas des époux, ce sont des amoureux. Elle attribue ce merveilleux résultat à l’application de ses idées sur l’amour et sur le mariage. Mais, à mon avis, elle le doit avant tout à son charme et à son esprit.

— A-t-elle trente ans ?

— Je ne le crois pas.

— Eh bien ! nous verrons d’ici à quelques années.

— Vous vous trompez, Robert ; malgré ses principes un peu risqués, elle a une vie sévère ; elle restera fidèle à son mari, je le parierais.

Robert sourit. Que signifiait ce sourire ?