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m’aimez pas assez pour cela ? (Mabel se tait. Nullement déconcertée.) Peu m’importe que vous ne protestiez pas. J’ai eu l’impression que vous m’aimiez assez… sans cela, je ne serais pas ici… et comme on aime ailleurs que dans les salons. Nous étions encore si près du champ de bataille… alors, qu’y a-t-il ? Pourquoi hésitez-vous ?

Mabel

Je n’hésite pas. Je suis fermement décidée… quoiqu’il m’en coûte… à vous dire non.

Peltier, au comble de la surprise.

À me dire non… (Mabel se tait. Repoussant une idée qui lui paraît absurde.) Ce n’est pas… Il est impossible que ce soit… ce n’est pas le soldat que vous repoussez, n’est-ce pas ?

Mabel, rapide.

Je ne vous aimerais pas la moitié autant que je vous aime si vous n’étiez pas un soldat.

Peltier

Alors ? Il ne m’est pas possible d’admettre votre refus… Jamais, sur aucun point, je ne vous ai connue en désaccord… Pas même sur la guerre où vous êtes si véhémente et si sen-