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les chrétiens se rappellent à l’idée de la mort, je veux les rappeler à l’idée de la guerre, et les faire sursauter enfin, les faire travailler à cet autre salut plus proche et plus humain, mais pour lequel les hommes ne sont pas moins tièdes et moins faibles et moins indifférents…

Mabel, ardente.

De beaux combats vous appellent… ne regrettez pas tous les autres.

Jean, sourdement.

S’il n’y avait que moi, je ne demanderais que le suicide sur le prochain champ de bataille. (Avec une force croissante.) Car en vérité que voulez-vous qu’on fasse ? Que reste-t-il au monde ? Famille, amour, patrie, art, science, bonté… à quoi bon tout cela si mon effort doit s’arrêter là où il commençait seulement à les servir ? À quoi bon tout cela, si je ne dois pas lever un doigt en vue de la seule défense efficace ? À quoi bon tout cela si j’accepte d’avance la menace de leur destruction ?

Mabel

Ah ! si quelques-uns seulement possédaient comme vous une conscience de