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CLASSIFICATION DES RADIOÉLÉMENTS

Les règles indiquées ont été inspirées par des exemples simples. C’est ainsi que le radium, de poids atomique 226, dont la place dans le système périodique est connue dans la colonne II des métaux alcalino-terreux, perdant une particule , donne naissance à l’émanation, gaz inerte de poids atomique 222, dont la place est indiquée dans la même rangée et dans la colonne O des gaz inertes. On raisonne de même quand le poids atomique n’a pas été déterminé, mais que les propriétés chimiques et électrochimiques permettent de choisir la colonne qui convient à un élément. Ainsi le radiothorium, corps analogue au thorium et ayant, par suite, sa place dans la colonne IV, perdant une particule , donne naissance au thorium X, corps analogue au radium et devant, par suite, être placé dans la colonne II. La règle relative aux rayons a été trouvée par des raisonnements analogues. Les deux règles se sont montrées susceptibles d’une application générale aux transformations actuellement connues, si cependant on convient de ne pas tenir compte de la colonne supplémentaire VIII. Toutes les substances qui émettent des rayons se trouvent dans les colonnes O, II, IV et VI, de rang pair, tandis que les substances qui émettent des rayons sont dans les colonnes II à V. Les colonnes I et VII ne conviennent à aucun des radioéléments connus.

D’après les règles indiquées ci-dessus, une transformation à rayons correspond à une diminution de valence de deux unités, tandis qu’une transformation à rayons correspond à une augmentation de valence d’une unité (la valence étant indiquée par le numéro de la colonne).

Les lois de valence se rattachent d’une manière simple à la généralisation importante de Moseley qui caractérise les places successives du système périodique par les charges positives nucléaires augmentant par unité égale en valeur absolue à la charge d’un électron ou charge élémentaire e = 4,77 x 10-10 E. S. Le rang d’un élément dans le système, ou nombre atomique N représente le nombre d’unités de charge positive attribuable au noyau. Si celui-ci éprouve une transformation radioactive, l’expulsion d’une particule qui porte deux unités de charge positive conduit à un rang inférieur de deux unités, tandis que l’expulsion d’une particule qui porte une unité de charge négative fait acquérir au noyau une unité positive et lui fait gagner un rang.

Le changement de valence qui accompagne ces variations de charge nucléaire s’explique de la manière suivante : la valence positive est déterminée par le nombre d’électrons périphériques de l’atome, qui varie de 1 à 8. Un atome dont le noyau perd une charge + 2 e (e charge unitaire) abandonne, pour rester neutre, deux électrons périphériques ce qui diminue de deux unités sa valence positive. L’expulsion d’un électron nucléaire