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L’ISOTOPIE ET LES ÉLÉMENTS ISOTOPIQUES

encore en harmonie étroite avec leurs homologues des périodes précédentes ; mais l’analogie s’atténue pour les termes suivants ; de plus, à la suite de Mn, nous voyons apparaître non point un gaz inerte, mais le groupe des trois métaux : fer, nickel, cobalt, que l’on a placé dans une colonne supplémentaire VIII ; le caractère périodique réapparaît dans toute sa netteté avec l’arsenic, le sélénium et le brome suivi par le gaz inerte krypton ; il est clair que l’ensemble des éléments du potassium au krypton forme une seule période de 18 éléments ou quatrième période (longue). De même, les éléments du rubidium au xénon forment la cinquième période (longue) de 18 éléments, comprenant, dans la colonne supplémentaire le groupe Ru, Rh, Pd. La sixième période (longue) qui débute d’une manière normale avec le cæsium, aboutit avec le lanthane au groupe des terres rares, lesquelles se présentent avec des caractères chimiques voisins. La modification du type chimique réapparaît avec le tantale ; cependant on rencontre encore un groupe de trois éléments Os, Ir, Pt dans la colonne supplémentaire, et c’est seulement après la rangée suivante que se termine cette longue sixième période de 32 éléments, dont le dernier terme se trouve être un gaz radioactif. La septième période ne contient que des radioéléments, parmi lesquels l’uranium et le thorium étaient connus avant la découverte de la radioactivité ; elle doit être considérée comme incomplète, s’arrêtant à son sixième terme, l’uranium, puisque l’on ne connaît pas d’élément de poids atomique supérieur.

En dehors des complications introduites par le groupe des terres rares et par les trois groupes (ou pléiades) de la colonne supplémentaire, le classement périodique offre quelques autres difficultés. Signalons tout d’abord les deux interversions bien connues ; le potassium a dû être placé après l’argon et l’iode à la suite du tellure, contrairement à l’ordre des poids atomiques, — et cela pour tenir compte des analogies chimiques. Nous verrons que la difficulté afférente à ces cas a été levée de la plus heureuse manière.

Une autre difficulté consiste dans la définition exacte de la valence. On sait que celle-ci n’est pas une propriété fixe de l’élément chimique. Il a été trouvé opportun de prendre comme valence de classement la valence positive maximum ; ainsi le chlore est placé dans la colonne VII, car il peut former le composé Cl2O7 avec l’oxygène qui, en ce cas, est bivalent. Le soufre est bivalent dans H2S, mais sa valence de classement est 6, conformément à la constitution du composé SO3. On peut remarquer que la valence positive ne dépasse pas 7, et que l’on nomme valence négative le complément de la valence positive à 8. Ainsi le chlore a une valence négative égale à 1, et c’est avec celle-ci qu’il intervient, en général, dans ses combinaisons avec les métaux.