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CROQUIS LAURENTIENS

gieusement posée sur une table, occupe le centre de la pièce d’honneur !…

Le lendemain, un dimanche, se leva radieux. Le ciel était pur, mais, hélas ! le vent qui l’avait nettoyé avait davantage déchaîné la mer.

No Brion to-day, sir ! dit le Jerseyais, rencontré de bonne heure sur le seuil, and hardly to-morrow !…

Et il nous faut subir la tristesse du dimanche protestant à la Grosse-Isle, du dimanche sans messe, sans cloche, sans l’attroupement et le babil à la porte de l’église ! Pour oublier la lenteur des heures qui ne passent pas, nous allons voir nos amis les pêcheurs. Il n’y reste guère que les vieux, les femmes et la petite Justine. Les jeunesses n’y ont pu tenir ! Hier soir, malgré le temps sordide, ils ont hâlé un botte à travers la dune jusqu’à l’Eau-Profonde, et, insoucieux de la pluie froide qui dégouline dans le cou, de l’arbe-outarde impitoyable qui barre la route et étouffe le moteur à chaque instant, ils ont mis le cap sur l’Étang-du-Nord. Cinq heures de route entre deux horizons accablants avec de l’eau sur la tête, sur les genoux et sous les pieds ! Mais ils auront la messe et la cloche et, s’il fait beau temps, le charmant caquetage sur la pelouse en attendant le dernier coup !

Nous causons un peu avec le père Décoste, avec sa femme, une silencieuse entre ces silen-