Page:Marie-Victorin - Croquis laurentiens, 1920.djvu/266

Cette page a été validée par deux contributeurs.
258
CROQUIS LAURENTIENS

ment, construction de bonnes dimensions, mais déjà sur le retour, à la fois bureau du télégraphe et du téléphone, et maison commune, louée pour les mois de pêche. C’est là, croyons-nous, qu’Édouard à Léon nous attend avec impatience, pour nous introduire au paradis de Brion.

Malgré la pluie, les hommes sont sortis de la maison et, poliment, ont enlevé dans leurs bras robustes nos bagages ruisselants. Quelle délicieuse surprise de nous retrouver chez des francophones !…

— Édouard à Léon est-il arrivé ?

— On l’espérait à neuf heures. Mais la mer est bien mauvaise !…

Nous sommes tombés dans l’un des groupes de pêcheurs nomades venus pour le maquereau d’été. Ceux-ci sont du Barachois et de l’Hôpital, sur l’Étang-du-Nord : une douzaine d’hommes, quelques mousses, deux femmes et une fillette, pour la cuisine. Depuis trois longs jours, la pluie et le vent enferment, immobilisent ces bonnes gens qui attendent, avec l’incommensurable patience des primitifs, que le temps se refasse et que la mer s’aplanisse.

Ayant mangé sous l’appentis un tourteau blanc et un morceau de maquereau salé, et bu un bol de thé noir, nous passons dans la salle obscure et démeublée où hommes et mousses sont