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CROQUIS LAURENTIENS

gens de mer s’écroulent au moindre sursaut du thermomètre. À 62° F., je les ai vus complètement anéantis, incapables de travailler sérieusement, quand, pour ma part, j’aurais hésité à quitter le gilet de laine.

La fête tarde à commencer, mais par tempérament, les Madelinots ne sont pas pressés. Ils jouissent de se voir, se racontent les menues choses dont est tissée leur simple vie, et qu’ils n’ont pu ce matin, échanger sur le perron de la messe. Enfin, la porte s’ouvre, une main agite la cloche et l’on se précipite. Paul à Jean, haut comme son père, et remarquable de verbe, ouvre l’assemblée en demandant l’hymne national. Le maître chantre est là. Il se hisse avec sa femme et sa fille, sur la troisième marche, et d’une voix solide entonne l’Ave Maris Stella. Le chœur est menu, trop menu, mais combien touchant le religieux respect qui tient tout le monde, ceux de l’intérieur, et les autres qui n’ont pu entrer, mais dont on aperçoit les têtes attentives dans l’embrasure de la porte.

Je songe à ce moment, qu’en cette fête de l’Assomption, il y a dans les églises citadines de grandes parades musicales. Des voix payées et qui, hier, chantaient quelque couplet leste dans les temples du plaisir, tonitruent aujourd’hui de prétentieuses messes mariales. Mais leur impérieux tam-tam frappe en vain à la voûte des