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LE HAVRE-AUX-MAISONS

Vers le midi, une rumeur a circulé. Est-ce le téléphone ou le charitable office des dames ? Toujours est-il que, sur les deux heures, de tous les chemins, débouchent des cabs-à-rouet, des charrettes, des piétons, qui tous convergent sur l’école Saint-Joseph où l’on va, paraît-il, fêter l’Assomption.

L’initiative a été prise par un enfant de l’Île établi dans la vieille province, Paul à Jean au défunt Paul, en vacances dans sa famille, et que cette détresse du troupeau sans pasteur, en un pareil jour, a ému. L’école Saint-Joseph est grande, bien habillée de bardeaux depuis le haut jusqu’au bas, peinte en gris, volets verts, bien meublée. Elle s’érige presque au centre de l’Île, sur une butte d’où l’on voit la valse figée des demoiselles, le scintillement des badigeons et, sur la mer, loin, très loin, l’Ermite de l’Archipel, l’Île-d’Entrée, qui ferme magnifiquement un paysage sicilien.

Dans l’ombre du grand bâtiment, le long de la clôture, sur le chemin, partout, les voitures sont rangées. Madelinots et Madelinotes causent par groupes, les vieux ensemble, les jeunes aussi. Bien que la température soit simplement agréable, presque tout le monde souffre de la chaleur qui, du consentement général, est atroce. Toujours bien en laine, héréditairement adaptés aux vents glacés qui sont de toutes saisons, les