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CROQUIS LAURENTIENS

le 31 juillet 1787, il lui adressait officiellement la concession. Ce royal cadeau était fait à la condition, « sous peine de nullité, de permettre la libre entrée et sortie de ces îles aux sujets anglais qui désireraient venir y pêcher, et de les laisser abattre le bois nécessaire à leur chauffage et à l’exploitation avantageuse de leurs pêcheries ».

C’était commettre une irréparable injustice et frapper à mort le développement et l’avenir du Royaume du Poisson, d’autant plus que le nouveau propriétaire obligea les occupants à prendre des titres sous forme de bail emphytéotique. Aussi, depuis cette fatale date, les Madelinots, ne pouvant posséder leur terre, ne se sont livrés qu’au travail nécessaire pour vivre, et suivant la pittoresque expression de Faucher de Saint-Maurice, ils ne connaissent que par ouï-dire les jouissances de la propriété et de l’amour du sol. Le gouvernement provincial est intervenu pour améliorer le sort des insulaires, qui peuvent maintenant, à certaines conditions, devenir francs-tenanciers ; cependant l’antique régime féodal continue de régner, et la plupart des habitants paient encore la rente au seigneur ou à la compagnie qui a affermé ses droits.

Contrairement aux avancés de certains voyageurs superficiels, le sol, sans cesse rafraîchi par les vents humides, est très fertile, et les pommes de terre particulièrement, y acquièrent un dévelop-