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CROQUIS LAURENTIENS

sous le ventre du maquereau lui-même, est fixé sur un gros hameçon qui fait corps avec une pesée de deux onces — la bulb. Pour attirer le poisson, on répand à la surface de l’eau un hachis composé de hareng salé et de coques, et aromatisé avec de la mélasse. La pêche du printemps donne souvent 30 quarts par barge, celle de l’été, de 15 à 25. Tous les pêcheurs entrent avec grand enthousiasme dans la pêche au maquereau d’été. Ils partent, dans les derniers jours de juillet, deux ou trois bottes ensemble, pour sonder, c’est-à-dire pour surprendre les avant-coureurs du banc migrateur. Au fort de la pêche, barges et bottes rentrent parfois au mouillage avec cinq ou six cents maquereaux, et la soirée se passe à préparer et à saler toute cette richesse. Commencée aux étoiles, la journée, souvent, finit aux étoiles.

Peut-être le lecteur, modeste pêcheur à la ligne, au ruisseau « derrière chez nous », se figure-t-il, au récit de ces pêches à la Tartarin, que les Madelinots sont immensément riches. La vérité est tout autre. Le poisson ne se vend pas cher sur place, et à la mer comme ailleurs, le capitaliste exploite parfois le prolétaire. Mais surtout, les dépenses, très fortes, entaillent profondément les bénéfices bruts. Et puis, retenons que c’est en trois mois de travail à la mer que le Madelinot doit gagner la vie de sa famille, car la terre