Page:Marie-Victorin - Croquis laurentiens, 1920.djvu/171

Cette page a été validée par deux contributeurs.
163
LES MADELINOTS

dant, la pêche ne donne pas, le débiteur est parfois dans l’impossibilité de s’acquitter cette année-là, et comme le pêcheur est absolument dénué de nervosité, il ne s’en inquiète pas autrement ; la mer qui le nourrit paiera tôt ou tard le créancier. C’est là tout le danger du commerce local et c’est tout ce qu’on peut reprocher aux Madelinots, les plus honnêtes des hommes.

Formulée dans les vieux mots du parler ancestral, la foi catholique est restée vivace au cœur des insulaires. Nous savons par monseigneur Plessis qu’une partie des premières familles fixées aux Îles les abandonnèrent pour se rapprocher des lieux où il y avait des prêtres, mais qu’elles y revinrent, attirées par le séjour d’un missionnaire venu de France, M. le Roux. Celui-ci les quitta après quelques années, et les fidèles Acadiens auraient à leur tour déserté leurs Îles si, peu d’années après le départ du missionnaire français, ils n’avaient été visités par un prêtre irlandais du nom de William Phelan, puis par un intrus dont ils se servirent sans le connaître. Enfin, en 1793, ils eurent un pasteur fixe, le père Jean-Baptiste Allain, prêtre vénérable qui, à l’époque de la Révolution, et pour ne pas prêter un serment auquel sa conscience répugnait, quitta Miquelon avec une partie des résidents Acadiens, pour s’établir dans l’archipel. Après 1812, les abbés Beaubien, Lejantel et Champion continuè-