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VIE DE FREUDENBERG

ble à Lausanne, Freudenberg se mit en route pour Paris au mois de juin 1765, de concert avec le graveur Adrien Zingg, de Saint-Gall, dont la renommée devait s’accroître & qui devait survivre à son jeune compagnon de voyage. À peine étaient-ils arrivés l’un & l’autre dans la capitale de la France que Zingg, qui n’y venait pas pour la première fois, introduisit son compatriote dans la société de quelques artistes allemands fixés depuis longtemps à Paris, qui accueillirent Freudenberg de la manière la plus affectueuse. Au nombre de ces artistes, & au premier rang, nous citerons le graveur Wille & son élève Schmutzer, devenu plus tard le directeur de l’Académie de gravure de Vienne. Ces deux artistes étaient alors les plus âgés de la petite colonie des artistes allemands fixés à Paris & le plus en vue. Ils aimaient l’un & l’autre à devenir les guides, les amis, les bienfaiteurs des jeunes gens qui se consacraient à la carrière des beaux-arts, & Freudenberg eut la bonne fortune d’établir avec eux des relations aussi fréquentes qu’intimes.

Plusieurs jours de la semaine, le soir, dans la demeure de Schmutzer & sous sa direction immédiate, il y avait académie, & les Allemands admis à le fréquenter pouvaient ainsi dessiner d’après le modèle vivant la tête & les attitudes du corps humain, en même temps qu’ils profitaient des observations de leurs camarades, des lumières de leur maître & des avantages d’un travail commun. Freudenberg fut admis à participer aux mêmes études, & tira bientôt de cette fréquentation de l’académie privée fondée par Schmutzer un profit beaucoup plus grand que des heures qu’il passait à l’Académie royale , où le nombre des élèves nuisait à l’enseignement lui-même.

Auprès de Wille, qui comptait un très grand nombre de pensionnaires de tous les pays, Freudenberg trouvait également des conseils utiles. Bientôt admis dans l’intimité de cet habile homme, il put profiter de ses entretiens instructifs sur l’art en général, en même temps qu’il put consulter les nombreuses œuvres d’art qu’il avait réunies & qu’il