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DES POÉSIES DE LA R. DE NAVARRE

encore par son esprit & dont nous avons les excellens Mémoires. Mais cela ne peut être, car la première de ces Reines mourut au château d’Odos en Bigorre, le 22 décembre 1549, & l’autre ne naquit que le 29 mai 1552. Il est seulement vraisemblable que Henri IV, petit-fils de la première de ces Princesses, & qui avoit épousé la seconde, lui fit présent de ce livre.

« Quoi qu’il en soit, cette dernière Reine Marguerite le donna longtemps après à François Mainard, de l’Académie françoise, poëte fameux que nous avons veu, & qui avoit eu beaucoup de part en ses bonnes grâces. Charles Mainard, fils de François, me l’a donné. »

Ce manuscrit est-il le même que celui qui est indiqué dans le catalogue du comte d’Hoym (no 2293) sous le titre suivant : Les poésies de Margueritte, Reine de Navarre, sœur de François Ier. Manuscrit du temps, écrit de l’ordre de cette Princesse par un de ses Secrétaires, & dans lequel il y a plusieurs pièces qui n’ont point été imprimées, in-fol. m. r.

Nous pensons que ce manuscrit est de la main de Jehan Frotté, qui fut longtemps Secrétaire de la Reine de Navarre & mourut Secrétaire du Roi. Dès le xve siècle, les Sires de Frotté avaient été attachés au service des Ducs d’Alençon. Sainte-Marthe, dans l’Oraison funèbre de Marguerite, parle de Jehan Frotté en ces termes : « Quand aussi elle estoit advertie que de son crédit & auctorité elle pouvoit faire plaisir à quelcun, ou elle escrivoit de sa main lettres de recommandation, ou, si ses affaires ne le permettoient, elle disoit l’argument de sa lettre à son Secrétaire Jehan Frotté (sien le dy je pour ce qu’il estoit de son privé Conseil comme son premier & très esprouvé Secrétaire, homme de grande expérience & bon esprit ; prudent & ayant peu de semblables au debvoir ou à la diligence de son office. » (Oraison funèbre de l’incomparable Marguerite, Royne de Navarre, Duchesse d’Alençon, composée en latin par Charles de Saincte Marthe & traduicte par lui en langue françoise, &c., &c., 1550, in-4o, p. 52.) — Voyez aussi sur Jehan Frotté, Odolant-Desnos, Mémoires historiques sur la ville d’Alençon & sur ses Seigneurs, &c. 1787, in-8o, 2 vol. t. II, p. 534.

Jusqu’au folio 127 verso, l’écriture de ce manuscrit est de la même main ; mais au folio 128 une autre main, aussi du xvie siècle, a ajouté au recueil une épître & la farce intitulée : Trop, Prou, Peu, Moins.

On trouve dans ce manuscrit, au folio recto 80, & au folio 100 verso, deux petites pièces de théâtre intitulées Farces, & qui sont encore inédites. La première est intitulée le Malade, & la seconde l’Inquisiteur. Nous publions en entier ces deux pièces à la fin de cette notice sur les poésies de Marguerite[1].

  1. On les trouvera dans le quatrième volume de cette édition, avec les deux autres Farces publiées au xvie siècle dans les Marguerites de la Marguerite des Princesses. — M.