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DE L’HEPTAMÉRON


Passans, voyez une estrange adventure
D’un corps royal qui dort en ce lieu cy,
Qui, sans changer face, forme ou figure,
Comme il fut vif mort il demeure aussi.
T’esbahis tu ? Or il est tout ainsi,
Car son esprit, estant en ces bas lieulx,
Par foy ravy & conduict dans les Cyeulx
Où il alloit le vray amour suyvant,
Eust de ce corps si peu de soing & cure
Qu’il le laissa, mesmes dès son vivant,
Ung vray tombeau & vifve sépulture.

Ne pleurez pas sur ceste sépulture,
Amys, passans, nostre fragilité ;
Plustost louez de Dieu la grant bonté,
Qui tant orna de graces sa facture
Oultre les loix de son sexe & Nature
Que ses vertus, sur toutes admirables,
Sa saincte vie & escriptz comparables
Aux plus parfaictz de toute antiquité,
Qui feront foy à la postérité ;
Car son temps mesme, esblouy de la gloire,
Est tout surprins de si grande clarté
Qu’en le croyant à peine le peult croyre.


XIII


Bibliothèque de la ville d’Orléans. No 382. l’Heptaméron des Nouvelles de Marguerite de Valois, Reyne de Navarre. In-fol. 440 pages.

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« Le manuscrit de cet ouvrage que nous annonçons est du XVIIe siècle. Les trois premières pages du Prologue manquent ; l’écriture n’est pas facile à lire. Il appartenoit à la Bibliothèque publique. » (Septier, Manuscrits de la Bibliothèque d’Orléans, ou Notices sur leur ancienneté, &c. Orléans, 1820, in-8o, p. 201.)

Nous devons à l’obligeance de M. Monmerqué, membre de l’Institut, communication d’un exemplaire de l’Heptaméron de 1560, in-4o, sur les marges duquel il a écrit de sa main toutes les variantes que présente le manuscrit d’Orléans. M. Monmerqué, qui a eu ce manuscrit entre les mains pendant quelque temps, nous assure qu’il est bien du XVIe siècle, & non du XVIIe, comme l’a prétendu Septier. Les variantes recueillies par M. Monmerqué sont à