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MARIAGE

m’adresse à tous ceux qui me tombent sous la main : le patron de l’hôtel, son frère, puis des passants dans la rue, parmi lesquels deux portefaix en gros chandail bleu, sur lequel s’étale en énormes caractères blancs « Hôtel Khédivial ». Ils semblent ahuris par ma proposition, mais ils l’acceptent, autant pour recevoir le bakchich que je leur offre, que pour la perspective d’assister à des réjouissances matrimoniales. Nous sommes obligés de refouler, en fermant les portes, tous les aimables passants qui, maintenant, offrent leurs services obligeants.

Nous utilisons comme mosquée le couloir central, sur lequel donnent toutes les chambres, car l’hôtel ne possède pas de salon. C’est une espèce de corridor assez large, en haut d’un escalier. Nous y disposons une rangée de fauteuils pour l’assistance.

Azem n’a toujours pas reparu, il court à la recherche du cheik Tewfik ; c’est d’autant plus ridicule que nous avons croisé ce personnage à notre retour et qu’il est là maintenant. Mais c’est un événement qui semble incroyable. Tout le monde crie, hurle. Le cheik, d’ailleurs, refuse de nous marier sans avoir l’acte d’autorisation qui est dans les mains d’Azem. Il se méfie de cette hâte qui pourrait bien cacher un piège, et qui n’est en réalité qu’un scénario d’agencement compliqué.

Quelques assistants réclament les friandises qui sont de tradition en pareille circonstance. Je l’ignorais et je me rattrape en distribuant de l’argent aux témoins, qui sortent dans une débandade générale pour chercher les gourmandises d’usage. Le premier rapporte des laitages, moitié lait caillé, moitié amidon, couverts d’une décoration de hachis de pistaches. Suivent des gâteaux ronds, blancs, sortes de meringues très sèches, qui tombent en poudre à la première bouchée. Des fruits confits, des sirops de