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LE JUGEMENT

lisant les paroles du Coran. On lui donna à boire de l’eau de Zemzem (source miraculeuse de la Mecque). On prévint Soleiman Nana, chez qui nous étions.

Mais, le temps qu’il se lève et aille chercher un docteur, Soleiman était mort. Avant qu’il meure je lui ai demandé ce qui avait bien pu le rendre malade. Il a simplement répondu :

— Emken Zeînab. Peut-être Zeînab.

— C’est tout ? interroge-t-on.

— C’est tout.

Le deuxième témoin prétend avoir vu Soleiman prendre une poudre rouge vers 10 heures du soir, la délayer dans de l’eau et dire en avalant et en plaisantant :

— Peut-être que Zeînab en aime un autre et veut se débarrasser de moi.

— Que bois-tu ? lui demande-t-on.

— Un remède pour me purger.

Au moment de mourir et s’adressant à nous, il murmura :

— C’est sûrement Zeînab qui me tue, et vous vengerez, allez l’égorger.

Le troisième témoin, un gosse de 15 ans environ, se contente d’indiquer que sa déclaration est la même que celle du témoin précédent, puisqu’ils étaient ensemble. Il rougit, se trouble tellement qu’il peut à peine dire son nom.

Je récuse ces témoignages, si différents dans un laps de temps si court : l’heure de l’agonie… Je veux qu’on termine, mais l’odieux avocat de la partie adverse désire encore une audience pour prouver avec des docteurs, que c’est ma Kalmine qui l’a tué.

L’audience est reportée au lendemain ; Il est une heure ; pour en venir à bout, le cadi veut enfin com-