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LE MARI PASSEPORT

— Sett Kébir connaît une chambre très bien dans les souks.

— Je n’ai besoin des conseils de personne, et moins encore de Sett Kébir, crie-t-il comme un sourd. Tu vas venir chez moi, dans ma maison. Fais nos valises tout de suite et pars sans dire au revoir.

Je remonte en courant faire nos paquets. Un quart d’heure après, je redescends. J’ai dû embrasser plusieurs fois toutes les femmes, promettre à Sett Kébir de venir la voir tous les jours.

Mais, descendue dans le hall, je ne vois plus Soleiman. Je questionne les esclaves. Il est parti chercher une maison, me répondent-ils.

— Chercher une maison, mais ne disait-il pas qu’il allait m’emmener dans la sienne ?

Je remonte en hâte demander à Sett Kébir un esclave pour me conduire à la chambre dont elle m’a parlé. Cette bonne amie craint qu’on m’enferme et que nous ne puissions plus nous revoir, elle essayera de me faire suivre, pour savoir ce que je deviens, mais, si je suis au lieu qu’elle m’indique, nous pourrons sûrement ou nous voir ou tout au moins communiquer.

Nous partons pour les souks. Hélas ! tout est loué.

Me sentant de plus en plus des vélléités d’émancipation, je renvoie l’esclave et vais au consulat demander si on connaît un hôtel. On me répond que, justement, il vient de s’en ouvrir un, non loin.

Le fils du consul offre aimablement de m’accompagner. Mais une femme arabe dans la rue, avec un Européen, voilà de quoi défrayer la chronique. Aussi sommes-nous couverts d’une muette réprobation par cent regards courroucés.

L’hôtel se compose d’une série de pièces donnant