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LE MARI PASSEPORT

Fakria, qui paraît surveiller le téléphone, l’autorisation de m’en servir.

Elle répond :

— Il est cassé.

Je n’insiste pas. Le même jour, vers midi, j’entends la sonnerie. On m’en interdit simplement l’usage, avec la souplesse et l’étonnante puissance du mensonge poli et souriant qui caractérise les Orientaux.

Je décide d’employer ce téléphone, coûte que coûte, et guette avec soin le moment favorable.

Vers quatre heures, tout le monde fait la sieste. C’est la minute à choisir. Je m’approche silencieusement de l’appareil.

L’angoisse me fait haleter, je bredouille en arabe le mot « consulat », en le prononçant de diverses façons, pour être comprise à coup sûr. J’ajoute : « Français : françaoui, françaouiyé », et je sens que je tiens enfin le mot de passe.

Une voix répond et questionne.

Je dis en français, le cœur battant :

— Je voudrais parler à M. Maigret.

Au bout du fil il y a une surprise évidente. Je suis crispée par la peur. Et, sans perdre de temps en explications, je bégaie hâtivement :

— Venez à mon secours. Vite. Une Française est prisonnière au palais du roi à Koseir el Ardar…

La voix murmure :

— Je suis le fils de M. Maigret. Je vais aller vous chercher ; mais j’ignore où est le palais.

— C’est une grande maison blanche, avec des volets verts, bâtie sur le sable en bordure de la piste de Médine.

Puis j’entends des pas et des voix. Je raccroche. C’est Fakria qui me demande ce que je fais.