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tesfois ilz retiennent en leurs maisons : mais quand les prestres & sacrificateurs des idoles veulent celebrer quelques festes & sacrifices, ilz y appellent les filles qui y ont esté consacrées, & avec elles font des danses & tripudiations en la presence de leurs idoles, chantans & crians a haulte voix sans ordre ne mesure. D’avantage ces filles portent avec elles des viandes, qu’elles dressent & apprestent sur une table devant leur idole, mesmement respandent devant luy le just & potage de la chair, estimans qu’en cela il en soit merveilleusement contenté & resjouy. Ces ceremonies parachevées les filles retournent en la maison de leurs parens, & servent en ceste maniere aux temples des idoles jusques a ce qu’elles soient mariées. Oultre est observée telle coustume en ceste province, que quand le Roy est decedé, & son corps porté au feu pour brusler (qui est la forme de leur sepulture) plusieurs chevaliers qui ont esté en sa grace, & de son vivant conservé familierement avec luy, se jectent tous vifz apres luy dedans le feu, estimans que telle amytié se continuera en l’autre monde sans aucune separation. Autant en font les femmes quand on brusle le corps de leurs mariz defunctz, soubz espoir qu’elles ont d’estre encores leurs femmes en l’autre monde : & celles qui ne veulent ce faire sont dejectées, & en nulle estime & reputation entre eulx. Encores y a une autre coustume detestable en ce pays : que quand aucun pour faultes & delictz par luy commis est punissable, & en voye d’estre condemné a mourir publiquement par juſti-