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neurs les prennent a la chaſſe, & leur oſtent entierement le poil de deſſus le corps, excepté es lieux de la barbe, & es parties honteuses : ce qu’ilz font de propos deliberé, pour plus amplement les faire repreſenter la figure humaine. Et les ayant ainſi du tout nettoyez de leur poil les embaſment avec drogues aromatiques, puis les font deſecher au ſoleil, & les vendent aux marchandz eſtrangers, qui les tranſportent en diverſes contrées & regions du monde, perſuadans & faiſans a croire que ce ſont eſpeces de petitz hommes qu’on trouve es iſles de la mer.


Du royaume de Samara.     Chap.   XVI.



En ce royaume de Samara, moy Marc Paule avec mes compaignons ay ſejourné, non ſans grand ennuy & faſcherie par l’eſpace de cinq moys, en attendans le temps opportun pour fairevoile en mer : car les habitans du pays ſont gens beſtiaux, vivans fort brutallement, oultre qu’ilz ſont cruelz & accouſtumez a manger chair humaine. Au moyen dequoy pour eviter leur frequentation & compaignie, nous dreſſaſmes ſur la coſte & rivage de la mer quelques loges faictes de bois que nous fortiffiaſmes de rempars & foſſez pour nous tenir ſur noz gardes & en ſeureté des habitans. En ce royaume on ne veoit point l’ourſe mineur ne la majeur qu’on appelle le grand chariot, tant ceſte iſle est pendente ſur le Midy, & reculée de septen-