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de proye d’eslite les plus singuliers, & à l’entour des elephans qui portent le tabernacle ou l’Empereur est assis, sont plusieurs gentilz hommes & chevaliers montez sur leurs chevaulx, qui tousjours costoient l’Empereur, lesquelz quand ilz apperçoivent quelques grues, phaisans ou autres oyseaulx volans en l’air, incontinent les demonstrent aux faulconniers qui sont pres l’Empereur, qui semblablement l’en advertissent & descouvrent son tabernacle, puis laschent leurs faulcons & oyseaulx de proye, desquelz l’EMpereur assis en sa lictiere regarde le combat & passetemps. Oultre ce y a autres dix mil hommes qui pendant ceste volerie courent ça & la par les champs pour prendre garde quelle part vollent les faulcons & autres oyseaulx, & si besoing estoit pour les secourir, lesquelz s’appellent en langue Tartarique Toscaor.Toscaor, c’est a dire gardes, qui sçavent par un certain sifflement qu’ilz font, appeller les oyseaulx qu’on a laschez apres la proye. Et n’est point de besoing que le faulconnier qui a lasché son oyseau le suyve : car ces Toscaors dessus mentionnez prennent soigneusement garde de les poursuyvre, pour obvier qu’ilz ne soient perduz, ou blessez, & les reprennent incontinent : & ceulx qui se trouvent les premiers a la rencontre de l’oyseau qui est en dangier, sont tenuz de le secourir promptement. Or chascun oyseau de proye porte en l’un de ses piedz une petite tablette, ou vervelles d’argent aux armoiries & enseignes du seigneur, ou de son faulconnier, affin que s’il est esgaré, on le puisse rendre a qui il appartient. Et si la mer-