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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

capital sur la terre qu’il met à ferme, il reçoit en récompense un accroissement de rente ; si c’est le fermier, il augmente ses profits. Mais l’argent dépensé dans un cours régulier de culture, à labourer, semer, recueillir, etc., est, comme nous l’avons déjà dit, un capital, en partie fixe, en partie circulant.

CAROLINE.

J’aime mieux, je l’avoue, l’emploi de la richesse sous forme de capital circulant que sous celle de capital fixe. Les greniers, les granges, les machines, etc., peuvent être avantageux aux propriétaires, mais ils ne peuvent manquer de nuire aux classes travaillantes ; car plus un homme dépense en capital fixe, moins il lui reste de capital circulant, et moins aussi par conséquent il peut entretenir d’ouvriers.

MADAME B.

Il faut toujours vous souvenir que le plus grand bien que l’on puisse faire aux classes laborieuses est d’augmenter le produit qui est susceptible d’être consommé. Quand on augmente l’abondance des choses nécessaires à la vie, il importe peu à qui elles appartiennent ; car quels que soient les propriétaires de cette richesse, ils ne peuvent en tirer avantage qu’en l’employant ; c’est-à-dire en l’appliquant à l’entretien d’ouvriers productifs. Plus donc il y en aura, et plus il y aura d’individus employés.

Or il est évident que tout ce qui tend à perfectionner ou faciliter le travail, augmente les productions du pays ; et s’il arrivait que le capital fixe augmentât plus le produit que ne peut faire le capital circulant, il serait plus avantageux aux ouvriers aussi bien qu’aux capitalistes.

CAROLINE.

Il semble bien ; et toutefois je ne peux comprendre comment il peut en être ainsi des machines. On ne peut substituer les forces de la nature au travail de l’homme, sans ôter l’ouvrage à plusieurs ouvriers. Comment le pauvre pourrait-il retirer quelque avantage d’inventions qui empêchent qu’on ne l’emploie ?

MADAME B.

C’est un fait certain, quoiqu’il se présente comme un paradoxe, que ce qui abrège et facilite le travail, peut en bien des cas accroître la demande que l’on fait des ouvriers.