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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

n’est pas estimée par le nombre des acres, mais par le nombre des esclaves qui s’y trouvent, tout comme une plantation aux Indes occidentales. Ce même état de vasselage était établi dans la plus grande partie de l’Europe il y a quelque siècles ; mais dans ces derniers temps, le progrès de la civilisation a été tel, que partout, je crois, excepté en Russie et en Pologne, les classes travaillantes ont été émancipées, parce que l’expérience a fait voir que plus les hommes sont libres et indépendants, plus ils sont laborieux, et mieux aussi la terre est cultivée.

CAROLINE.

Je souhaite que l’on puisse faire adopter cette opinion aux planteurs des Indes occidentales.

MADAME B.

Le temps viendra sûrement où l’esclavage sera partout aboli. Mais des changements importants ne doivent pas être opérés sans de grandes précautions. Il faut que les hommes aient secoué les fers honteux de l’ignorance, avant que l’émancipation puisse leur être utile. Un auteur ingénieux observe, « que la liberté est un instrument avec lequel les hommes peuvent tout gagner et tout perdre ; qu’il faut par conséquent, avant de le mettre en leur main, leur en apprendre l’usage. » Dans tous les cas un perfectionnement graduel et progressif tend à nous rendre heureux ; des révolutions soudaines et violentes sont dangereuses. Mais nous nous écartons de notre sujet.

CAROLINE.

Eh bien ! pour y revenir, je croyais d’abord entendre parfaitement la différence entre le capital fixe et le circulant, et je trouve par réflexion, que je ne sais comment déterminer auquel appartiennent diverses espèces de choses. L’argent monnayé, par exemple, que l’on emploie à améliorer la terre, est-il un capital fixe ou circulant ?

MADAME B.

L’argent mis sur des terres en friche pour les préparer à la culture, pour enclore, dessécher, creuser des fossés, défricher, etc., est un capital fixe ; il en est de même de celui qui est employé à améliorer une terre déjà cultivée. Si c’est le propriétaire qui verse son