Page:Marcet - L’économie politique en vingt-deux conversations, 1837.pdf/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

Ainsi l’homme riche a un moyen d’accroître son capital, non en l’entassant mais en le distribuant à des ouvriers qui le consomment et reproduisent un autre capital plus considérable. De-là ces ouvriers ont pris le nom d’ouvriers productifs.

CAROLINE.

Ainsi quand un homme possède un capital, ou par l’accumulation de ses épargnes ou par héritage, il n’a plus besoin de travailler pour vivre ; d’autres travaillent pour lui.

MADAME B.

Cela dépend de la grandeur de son capital et de l’étendue de ses désirs. Si ce capital lui donne un revenu suffisant à son entretien et à celui de sa famille, avec le degré d’aisance qui le satisfait, il peut vivre sans rien faire ; sinon il travaillera lui-même, ou tout au moins il inspectera ses ouvriers. C’est le cas du fermier, du marchand, du chef d’atelier ; chacun d’eux surveille les travaux qui l’intéressent.

Comprenez-vous maintenant qu’aucune entreprise productive ne peut être faite sans capital ? Le capital est nécessaire pour payer les ouvriers, pour acheter les matériaux de leur travail, les instruments dont ils se servent ; pour suffire en un mot à toute la dépense qu’exige l’emploi des ouvriers.

CAROLINE.

Mais un homme peut faire une entreprise productive sans employer des ouvriers : par exemple s’il cueille des champignons, sur une terre commune, il n’a pas besoin de capital pour cela ; il n’y emploie point d’outils ; la terre produit des champignons spontanément, et tout homme a droit de les ramasser. On peut dire la même chose des noisettes et des groseilles sauvages.

MADAME B.

Ce sont là des restes des ressources en usage à l’état sauvage ; dans cet état on subsiste des productions spontanées de la terre : mais les occupations qui ne demandent aucun capital sont bien peu considérables, et ne peuvent avoir lieu que durant une certaine saison de l’année.

CAROLINE.

Il y en a une qui me paraît avoir beaucoup d’importance ; c’est