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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

ces liaisons peuvent produire ? Combien le vice paraît prédominer dans les classes inférieures au sein des villes populeuses, en comparaison des cabanes rustiques !

MADAME B.

Vous ne faites pas entrer en considération la différence qui a lieu dans la population. Il y a souvent un plus grand nombre de personnes réunies dans une ville de manufacture, qu’il n’y en a d’éparses, dans les campagnes, sur une étendue de trente milles carrés. Mais admettant que le nombre comparatif des crimes soit plus grand dans les premières. je crois qu’ils sont compensés par une proportion plus considérable de vertus.

CAROLINE.

Mais vous m’accorderez bien que l’on entend beaucoup plus parler des vices des grandes villes et des villes de manufacture, que de leurs vertus ?

MADAME B.

Parce que les crimes, étant punis par les lois, deviennent nécessairement connus, tandis que la vertu reçoit rarement un témoignage public d’approbation. Tout acte de fraude et de violence retentit à nos oreilles, tandis que les actes d’humanité, les sentiments de compassion, les sacrifices par lesquels le pauvre soulage les peines d’autrui, ne sont connus que de ceux qui pénètrent dans le détail de leurs affaires domestiques. C’est ce qu’ont eu souvent occasion d’observer les médecins qui visitent, à leur domicile, les malades des classes inférieures.

CAROLINE.

Et cependant, en tout, ne croyez-vous pas que la situation des pauvres à la campagne est meilleure qu’à la ville ?

MADAME B.

Chacune de ces situations a ses avantages et ses désavantages ; et je serais disposée à croire que le bien et le mal sont à cet égard assez compensés. Si les habitants des villes sont mieux instruits, et peuvent se procurer plus aisément quelques moyens de bien-être, les habitants des campagnes sont plus vigoureux et mieux portants ; plus propres ; et ils ont l’avantage de trouver une demande plus